Pour la une du mois d’octobre, découvrez aussi Kader Diaby, jeune champion, amoureux de photographie et designer.
Pensais-tu un jour travailler dans la mode ?
Petit Non, je voulais faire la diplomatie. Puis au lycée, j’ai préféré les mathématiques (enfin les sciences en générales). J’ai donc fait un master en Audit et contrôle de gestion. A la fin de mes études, je suis rentré à Abidjan pour travailler dans la finance ce qui est toujours le cas. J’ai parallèlement débuté la photographie qui m’a permis de développer un univers artistique dont j’avais du mal à trouver des vêtements qui s’y accordait. Du coup, j’ai commencé à faire mes propres vêtements pour les shoots puis pour moi. Par la suite, j’ai rencontré Aziz Da à la petite boutique qui m’a demandé d’où venaient mes vêtements. Il m’a ensuite proposé les vendre. A partir de là, j’y ai pris goût.
Avec Olooh Concept, es-tu animé par un sentiment immédiat d’accomplissement ?
Je ne crois pas qu’on puisse s’accomplir en aussi peu de temps ; du moins pas pour quelque chose de durable. J’ai l’intention de faire quelque chose de durable ; en tout cas, de faire le nécessaire pour. Mais je suis content des opportunités qui s’offrent à moi.
Que souhaites-tu transmettre à travers tes créations ?
De l’émotion ! Un vêtement doit mettre dans un mood (dans un bit lol) ; et aussi des idéologies.
Ça fait quoi d’être un jeune créateur africain à cette époque ?
Déjà je ne sais pas pourquoi la mention « africain » est systématiquement adossée à l’art fait par les africains ; et pourquoi on ne parle juste pas de jeune créateur ivoirien, nigérian…
Pour répondre à la question : à l’ère du digital, tout est possible. On a accès à une audience à laquelle on n’avait pas « droit » ; et ça a changé toute la donne. Maintenant, on a de la visibilité ; du moins on a les outils. Par contre, ça également créer un marché beaucoup plus compétitif (ce qui n’est pas nécessairement négatif). Il faut sans cesse se remettre en question et bosser surtout.
Pour toi, c’est important de partager ta culture dans tes créations ?
C’est plus qu’important ; c’est vitale. Moi, je considère l’art comme un instrument politique par le biais duquel on peut faire passer plusieurs messages. Et je tiens à montrer que notre génération est fière de ses origines et également ouverte au monde. C’est ça la nouvelle génération.
VLISCO and Co, Afrodysée, Style Lounge… ta marque grandit tout doucement, tu es entrain de conquérir le monde ! Tes créations sont aussi demandées dans le monde entier… quel pays fait preuve de force en tant que clientèle ?
La marque est assez jeune ; on n’a pas assez de recul pour déterminer un profil exact. Mais il semblerait que la France et la Côte d’ivoire et le Ghana soient les plus demandeurs.
Quels sont tes difficultés en tant que Jeune créateur ?
L’accès au financement. J’ai l’impression que beaucoup de personnes ne réalisent pas que c’est aussi et surtout une entreprise. Et également, l’accès au matériel.
La question de l’accessibilité des créations de designers africains est récurrente… les responsabilités restent partagées, qu’en penses-tu ?
Comme vous le dites, les responsabilités sont partagées. Les designers doivent mieux structurer leur processus de production afin d’amoindrir les coûts, les institutions gouvernementales doivent mettre en place des reformes pour booster le marché du textile ; et les ivoiriens doivent continuer de consommer “local” pour faire tourner le marché.
Que nous réserves-tu pour tes prochaines collections ?
Plein de collaboration et surtout peaufiner l’identité de la marque tout en essayant de nouvelles choses.