Pour son 28e numéro de Tchê à la une, TCHEYA a posé ses spotlight sur Didier Piquionne, un homme de culture. Il est le CEO de Make It Clap Agency (agence événementielle créateur d’événements comme la sunday groove, l’afroboat) et de HHLS Music une radio en ligne. Il est également co-fondateur de Ancré Magazine et du restaurant Mama Kossa Paris.
Qui est Didier Piquionne ?
Didier Piquionne est un type de 45 ans, originaire de la Martinique, qui a grandi en banlieue parisienne ; il est père de 2 princesses qu’il aime plus que tout ; entrepreneur dans le culture business, passionné de musique noire et de culture en général.
Plus jeune, te voyais-tu devenir entrepreneur ? Si non, que voulais-tu faire comme métier ?
Je n’avais pas l’intention de devenir patron, pire, je n’y pensais même pas. Les patrons, c’était les autres ; pas moi, pas nous. D’ailleurs je n’avais pas « d’entrepreneurs » autour de moi donc impossible pour moi de penser à entreprendre. Je voulais être dans l’armée. Je voulais faire carrière en tant qu’officier dans une unité d’élite.
Comment es-tu donc devenu entrepreneur ?
Je dirais par la force des choses : Après un peu plus de 3 ans en tant que chef de projet dans une agence de com, j’ai tenté l’aventure en tant que producteur / concepteur d’événements musicaux (concerts et soirées), d’abord en mode pirate puis au bout de 4 ans de piraterie un ami expert comptable m’a accompagné afin de mettre un cadre autour de mon activité. En 2005 j’ai monté Make It Clap Entertainment.
Qu’est-ce qui fait tripper Didier Piquionne dans le fait d’être entrepreneur ?
Concevoir de beaux projets, les écrire d’abord, monter les équipes qui vont leur donner vie et puis faire grandir les bébés… En fait un entrepreneur n’est pas autre chose qu’un géniteur ; tu mets tout en œuvre pour donner vie à des produits ou services. J’adore aussi l’aventure humaine que représente le métier d’entrepreneur, trouver les humains qui vont t’accompagner et apprendre à fonctionner avec eux ; et parfois créer des projets incroyables avec eux, c’est ultra puissant. Enfin, je dirais qu’être entrepreneur pour moi c’est accomplir une mission ; j’aime sentir que les actions que je mène vont pouvoir servir au-delà de mon propre intérêt.
Dans quelles circonstances as-tu le plus appris sur l’entrepreneuriat ?
Dans les échecs. Entre 2011 et 2013, j’ai successivement fermé deux boites, été ruiné et me suis séparé de mes 2 associés. Je pense que c’est vraiment là que j’ai commencé à vraiment apprendre mon métier. Et depuis, je me sers de chaque échec comme d’une occasion de gommer un ou des défauts pour viser l’excellence.
Comment arrives-tu à créer des opportunités et/ou les saisir ?
La création d’opportunité c’est avant tout, selon moi, être très “aware” (alerte)… Il faut que tu sois très connecté à ton ecosystème pro, à l’écoute et en observation de tes partenaires et/ou concurrents. En language plus corporate, être en veille permanente. Ensuite une fois l’opportunité repérée, il faut assez d’agilité pour aller la saisir et parfois aussi une bonne dose de courage (tout dépend le challenge à relever).
Pourquoi décider d’entreprendre dans l’industrie du spectacle ? Quel est la relation qui lie Didier Piquionne à cet univers ?
Au départ, entreprendre dans le spectacle a été pour moi la possibilité de nourrir ma passion pour la musique. Je voulais absolument faire parti du music business car comme précisé un peu plus haut dans l’interview, je suis un fou de musique… Le spectacle, au départ, c’était juste un moyen de faire parti du game de la musique. J’avais malgré tout une toute petite expérience et appétence pour la production de spectacles puisque j’ai bossé pour l’un des plus gros producteurs de concerts Rap et Rnb des 90’s qui s’appelait IZB. Je distribuais des flyers pour eux, mais surtout, grâce à ce job j’ai pu squatter les salles de concerts et tomber amoureux du live.
Aujourd’hui tu n’es pas que dans ce secteur, tu as également investi dans la restauration. Est-ce le flair du serial entrepreneur ou y a-t-il tout une histoire ?
Oui en effet, j’ai lancé en janvier 2022 un restaurant dans le 18ème à Paris qui s’appelle Mama Kossa. Et, oui, c’est une nouvelle corde à l’arc du groupe. Mais ce qui est sûr, c’est que nous n’avons pas choisi cette nouvelle activité au hasard ; il y a un plan. Le plan, c’est de créer un groupe qui rassemble des projets qui non seulement auront pour vocation de mettre en lumière la beauté de notre culture et les talents qui en sont issus ; mais aussi que chaque projet puisse naturellement se connecter aux autres projets du groupe afin de créer un cercle vertueux d’actions culturelles à destination des passionnés et de tout ceux qui veulent en savoir plus sur la culture de notre diaspora.
A quel moment décide-t-on de se diversifier ou quel est le bon moment pour se diversifier en tant qu’entrepreneur ?
On décide de se diversifier pour différentes raisons. Ça peut être pour des raisons strictement économiques ou tout simplement par envie. En ce qui nous concerne, c’était un mélange d’envie et de plan à mettre en œuvre.
Quant au moment à choisir pour se diversifier, je dirais qu’il vaut mieux mener cette action quand tu as les idées claires sur ta stratégie de diversification et que tu as les bonnes ressources humaines pour t’accompagner.
Si tu devais faire un petit bilan après toutes ces années, que dirais-tu ? Quel héritage laisses-tu à ceux qui viennent après toi ?
Je dirais que je suis fier de moi et de mes équipes ; qu’on a réalisé des choses incroyables et qu’on va continuer dans ce sens. Je dirais qu’on a été des précurseurs et des Game Changers dans le domaine des événements et de la culture issue de la diaspora noire.
Game changer veut dire créer de nouvelles opportunités. Je pense que Make It Clap en devenant le producteur de la 1ère soirée Hip Hop de masse (Hip Hop Loves Soul) et récurrente dans un lieu aussi emblématique que l’Elysée Montmartre, a permis au marché des soirées du même type de pouvoir exister ensuite tel qu’on peut le voir aujourd’hui. Donc on va essayer de continuer comme ça avec le groupe qu’on est en train de mettre en place.
On va continuer d’ouvrir des brèches avec la radio (hhls radio), avec le resto (Mama kossa) ou encore avec notre magazine spécialisé sur la mode street wear féminine (ancré magazine). On va créer des brèches de plus en plus grosses pour permettre aux générations d’après de pouvoir bénéficier d’un terrain propice pour entreprendre autour de leurs cultures ou même tout simplement d’entreprendre. Ce qui ne me paraissait pas naturel à moi, à savoir être un patron, parce que je ne voyais pas d’homme noir entreprendre, ça doit devenir une norme pour les générations qui viennent, voilà un bel héritage à léguer.
Pour toi c’est quoi l’afro excellence ?
J’aurais dit qui et dans ce cas je citerai : Obama, Mandela, Césaire et Rihanna (cette femme va finir à la tête d’une nation)
Si Didier Piquionne était un(e)… :
- Appareil photo : un pola
- Sportif : Jordan ou Ali
- Philosophe : Frantz Fanon
- Humoriste : Dave Chapelle
- Emission télé : Nulle part ailleurs ou Yo MTV Rap
- Rappeur Us : 2Pac
- Héros de dessin animé : Ken le survivant
- Artiste peintre : Basquiat
Photos : Arnaud Kone – DA / Stylisme : Margi Vandoren