C’est dans un format assez particulier que nous vous présenterons Obou, le TCHÊ à la une de ce mois de décembre.

Notre rencontre avec Obou

Notre première rencontre s’est faite à l’INSAAC (Institut des sciences des arts et de l’action culturelle). Elle s’est faite dans le cadre d’une conférence avec des artistes de renoms notamment Sess Essoh et Alidou. Peintre Obou était délégué. Ces amis n’ étaient pas à l’heure, lui si ; et il essayait de les regrouper afin de participer à ce moment d’échanges sur les perspectives des jeunes artistes après l’INSAAC . Il était disponible, avenant et faisait preuve de leadership.

La seconde rencontre fut brutale, surprenante et artistique. C à la Rotonde des arts, une galerie mythique au sein du centre des affaires de la ville d’ Abidjan. Nous y découvrions, Obou pour la seconde fois, mais  le peintre la première fois avec Les demoiselles d’Abidjan. Formes marquées, couleurs vives, tenues provocantes, expression presque énigmatique des fois. Son coup de pinceau portait déjà une signature reconnaissable entre mille ; le masque Dan, le Gué gon, son masque, son héritage, faisait un avec les visages de ses personnages. Des scènes intimistes d’autres plus urbaines mettant en scènes des lieux familiers pour tout abidjanais. Nous avons consommé notre première claque d’Obou, le peintre, la Joconde d’Abobo a même fait jaser sur les réseaux sociaux. 

Le Peintre OBOU

Obou fait partie de cette génération de peintres qui a décidé davantage de prendre le pouvoir et de ne pas se laisser classer. Un traumatisme a marqué son parcours. Il s’agit de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire de 2002. Cette crise finira par polir son pinceau et nourrir son expression. Il jette dès le départ sur ses toiles le souffle des effets de cette guerre,  les déplacements internes pour fuir les atrocités, les images violentes qui dansent même sans musique et le désarroi des espérances perdues. 

Il initie avec des amis, quand il était encore sur les bancs , le Braid Art. C’est un courant qui va leur permettre de se distinguer dans le temple des artistes et d’être révélés au grand public.  Le laid , ces “belles choses” qui ne respectent pas les codes, est la principale caractéristique de ce courant.

“Il fallait vite faire avec le nouveau système LMD (licence-master-doctorat) appliqué à l’Insaac, des travaux qui nécessitait 5h avant d’être rendu , il faut les rendre en 2h” affirme Obou pour justifier cette dynamique, qui lui a également permis d’exposer avant même d’avoir son diplôme.

L’amour de la peinture est viscérale pour Obou. Il savait que c’est ce qu’il voulait faire. Sa mère a cru en lui , sa sœur également. Son premier échec au test d’admission à l’ Insaac, n’ a pas effrité ce rêve d’ un iota, Au contraire, il s’est servi de ce revers pour revenir plus fort avec hargne et détermination, Une fois dans ce temple, il se nourrit de toutes les générations, il s’essaie  a trouvé sa signature, poussé qui l’y encourage.  Il trouve sa voie sur le chemin qui l’a mené vers le maître Oswaldo Guayasamin, chantre de la condition humaine, et dont le travail fait écho à l’histoire de sa vie.

Obou est… passionné !

Obou a beaucoup à dire, et son rythme de travail effréné transpire toujours cette volonté de partage. Depuis longtemps, il peint chaque jour, rien ne vient troubler cette routine. On peut s’ en rendre compte sur ses réseaux sociaux, même si tout n’ y est pas publié. D’après lui, internet est ce petit calepin qui traduit sa petite vie. Notre visite chez lui lors de son récent séjour à Abidjan a suffi  à nous convaincre que nous ne sommes pas prêts pour tout ce qu’ Obou a à nous dire. 

De plus, Obou, c’est l’homme des collaborations, une fresque gigantesque à Abobo dans le cadre de “Abobo ê zo”, une fresque murale avec le restaurant Plaza café, de grands panneaux publicitaires  pour une brasserie locale etc… Et la plus récente avec la marque de vêtements Kephale. A la question de savoir comment il arrive à attirer toutes ces collaborations, il nous répond que  son travail parle à lui seul. Le fait qu’il partage beaucoup son point de vue  à travers ses œuvres ,  justifie l’intérêt qu’ on lui porte.

Un autre pas dans la chanson…

Notre troisième rencontre avec Obou s’est faite à l’audio, et c’était la première fois de rencontrer Obou, le chanteur. Avec son single “je go”, il évoque toujours son thème de prédilection la condition humaine en parlant d’immigration.

Pour Obou la réussite est d’abord l’autonomie, l’indépendance, ne plus être une charge, pourvoir à ses besoins. Et dans ce sens, il croit qu’il a réussi. Son objectif est de changer les choses à sa manière, en emmenant un nouveau public à l’art. C’est ce qui l’a amené à vouloir rendre accessible cet art :“si je parle de ces personnes , il faudrait que l’art les intéressent”.

Photo : The Ghost | Tenue : Nackissa