Bruce YKANJI est un danseur-chorégraphe d’origine franco-camerounaise. Reconnu pour son talent, il est depuis 17 ans l’initiateur du « Juste Debout », un événement international de danse hip-hop mettant en compétition plusieurs pays à travers le monde. Véritable modèle de réussite, il est à la tête de boîtes comme le « Juste Debout School », la « B&B Dance Agency », d’une marque « JD ADN » et aussi d’une plateforme vidéo appelée « JD TV ». Tchê à la une de ce mois de Mars, nous sommes allés à sa rencontre, afin d’en apprendre plus avec l’homme.
Qui est Bruce YKANJI et comment est né votre amour pour la danse ?
Je suis Bruce Ykanji Soné, (Y veut dire “bon” en japonais et kanji, “esprit”), Franco-camerounais. J’ai commencé la danse au Cameroun à l’âge de 8 ans suite au visionnage d’une cassette VHS de danse Hip hop que mon père m’avait ramenée de France et c’est de là qu’est né mon amour pour la danse.
Pourquoi essentiellement le Hip-Hop ?
En fait, j’aime la danse avec un grand D. Ce sont les gens qui m’ont collé une étiquette Hip-Hop et Popping parce que j’aimais bien danser ça. Mais je pense que je m’y suis beaucoup intéressé parce que j’ai grandi avec. Dans les années 80 au Cameroun, le Hip Hop commençait à voir le jour. Une fois que je suis arrivé en France, c’était le grand Boom. J’ai donc été influencé par l’énergie du moment. Ça aurait été du Jazz ou du coupé décalé, je l’aurais dansé.
Quels sont les difficultés que vous avez rencontrées dans le déroulé de votre carrière ?
A l’âge de 10-11 ans, il a fallu m’imposer en tant que clair de peau, dans les ghettos français qui sont essentiellement composés de noirs et d’arabes ; ce qui n’était pas évident. Mais je considérais cela comme un combat et je me disais « je suis clair de peau mais je vais être plus fort que vous ». Mais ces difficultés m’ont donné de la force et de la puissance.
D’où vous est venue l’idée du concept « Juste Debout » ?
« Juste Debout » tout d’abord parce que je voulais un nom francophone contrairement aux nombreux noms anglophones qui existent déjà. Deuxièmement, comme son nom l’indique pour rester debout, parce que la danse Hip-hop est souvent assimilée à la danse au sol. Ne partageant pas cette vision, je me suis dit qu’il fallait qu’on ramène un mouvement qui montre et explique les différents styles de danse Hip-hop. La troisième raison était de montrer qu’il faut être juste dans la vie, être fière et fort face à l’adversité et aux problèmes. Et enfin la quatrième raison, le « Juste Debout » évoque aussi la justice divine, parce que j’espère être juste et aller plus loin avec l’aide de Dieu.
Après les quatre continents l’Asie, l’Europe, l’Amérique et l’Océanie, pourquoi avez-vous choisi la Côte d’Ivoire pour une première édition africaine ?
Mon choix s’est porté sur la Côte d’Ivoire pour la première édition du « Juste Debout » parce que la danse en Côte d’Ivoire omniprésente que vous avez des danseurs talentueux.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en Côte d’Ivoire ?
Il faut dire déjà que je suis franco-camerounais, donc je suis africain dans l’âme. Mais j’ai eu une enfance douloureuse au Cameroun et depuis que je suis parti à l’âge de 10 ans, je n’y suis plus retourné. Par contre j’ai visité plein de pays africains tels que le Sénégal, le Kenya, l’Afrique du sud et aussi la Côte d’Ivoire parce que je suis amoureux d’une femme ivoirienne qui m’a donné trois beaux enfants. Et lorsqu’elle m’envoyait en Côte d’Ivoire, j’étais un peu septique ; parce que l’image qu’on nous montre de l’Afrique en France se détache de la vérité. Et ce qu’on ne nous montre pas de la Côte d’Ivoire m’a fait tomber amoureux du pays.
Cela fait 10 fois que je viens et je commence à connaître un peu la culture. J’apprécie le peuple, la bouffe, les ambiances et la beauté du paysage. Et il y a beaucoup de gens de la diaspora issus de l’immigration qui vont en vacances en Asie, en Amérique… qui ne viennent jamais en Afrique. Ils se disent Africains alors que pour cela il faut connaître un minimum le continent, promouvoir la black culture et même investir dans le « black business ». J’emmène mes enfants en Afrique, notre prochaine destination sera le Zanzibar, mais nous comptons souvent revenir en Côte d’Ivoire.
Consultez-vous internet pour avoir des trucs et astuces masculins ? Comment est-ce que Bruce Ykanji prend t-il soin de lui ?
J’avoue que je ne prends pas soin de moi du tout. Je ne me rase pas, je ne fais pas mes contours même si je devrais surtout avec l’âge. Mais je pense que la cause de tout ceci est le manque de temps, parce que je dois gérer ma carrière de danseur, ma famille et mes quatre sociétés. Et je pense que ces webzines sont très importants pour les gens qui ne prennent pas le temps de prendre soin d’eux de le faire.
De façon personnelle, quelles sont les choses qui vous rendent heureux d’être un homme ?
J’avoue que je ne me suis jamais posé la question mais je pense qu’un homme c’est beau ; c’est la puissance ; c’est le symbole de la force sans être machiste parce qu’on sait que tout homme est fort parce qu’il a une femme derrière lui. Mais aussi le fait de ne pas avoir toutes ces contraintes féminines comme l’accouchement et gérer d’autres problèmes mensuels (rire).
Qu’est-ce qui vous passionne à part la danse ?
A part la danse, j’aime bien la cuisine, j’ai même été cuisinier. Je commence aussi à être passionné par le jardinage parce qu’il nous permet de méditer ; surtout qu’à Paris on est stressé. Le fait de se retrouver face à la nature, de prendre le temps et se rendre compte que c’est Dieu qui décide et qui nous dit « Tu veux aller vite ? Mais cette plante poussera doucement et tu vas devoir t’y faire ? ». Et tout ceci m’aide vraiment à décrocher.
Quelles sont les armes qu’il faut avoir pour réussir selon Bruce Ykanji?
La plus grosse arme à avoir est la personnalité. Même si l’on fait bien son travail et qu’on n’est pas soi-même on ne réussit pas. Dans mon parcours, malgré les problèmes et d’embuches, j’ai réussi à tout surmonter, parce que je suis resté moi-même. Que cela plaise ou non, il faut rester soi-même. Ensuite se remettre en question, parce qu’on n’est rien. Et enfin écouter sa famille proche, c’est-à-dire sa mère, sa femme, ses enfants.
Un mot pour Tchêya et un conseil pour les jeunes hommes qui vous suivent ?
Je remercie déjà les jeunes hommes qui me suivent, et longue vie au webzine TCHEYA. Je suis très content d’avoir fait cette interview. Et pour les futurs danseurs, ceux qui dansent déjà ou tout ceux qui sont entrepreneurs ne perdez pas la foi ; continuez de faire ce que vous faites malgré les embûches. Celles-ci vous rendront plus forts.
Propos recueillis par Vahn Axel Danho